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La Jeune femme et la mer, Japon au bout du pinceau

On sait toute la sensibilité de Catherine Meurisse. On ne savait rien de sa passion pour le Japon. Avec La Jeune femme et la mer elle ne nous dit pas tout mais beaucoup, évoque avec un sens lumineux du dessin le contraste entre les deux civilisations occidentales et japonaise, la conception du monde, des arts, de la vision très philosophique de la nature et évidement de la subtilité des relations humaines. Une culture généreuse mais souvent fermée à nos yeux trop pragmatiques que Catherine Meurisse a réussi à exorciser, avec pudeur, délicatesse et intelligence pour montrer l’osmose dans laquelle nature et Japon, celui d’hier comme celui d’aujourd’hui, font cause commune. Mise en couleur très réussie d’Isabelle Merlet.

Arigato et ce n’est qu’un début au pays du Soleil levant. Catherine y revient pour peindre la nature dans un studio d’artiste. Renouveler sa banque d’images mentales trop occidentales, mais sans parler japonais va y avoir du boulot. Surtout si en plus elle a oublié ses pinceaux. Mais un Tanuki va lui sauver la mise, esprit de la forêt facétieux et aux poils soyeux, un chien qui a tout du raton laveur, humour en prime. Démonstration de la pierre à encre, pinceau en poil de Tanuki, premier épisode d’une initiation dans les règles. Alors Catherine se balade autour de la résidence, tombe sur un peintre hermétique qui recherche l’impassibilité et l’état qui lui permettra de commettre un tableau. Mais panne sèche et Catherine de devenir le grand témoin de cette quête qui va lui ouvrir des horizons insoupçonnés sur fond aussi de poésie adaptée au moment. Demoiselle Nami sera l’étape suivante pour progresser sur le bon chemin.

Un mélange savoureux de paysages japonais traditionnels, emblématiques, très construits et évocateurs sur lesquels Catherine Meurisse pose son dessin, elle même en personnage sollicité, sourire aux lèvres mais roseau pensif. Une dalle de béton qui ondule, un géant dans un buisson, la nature a ses formes si humaines qu’elle en est encore plus généreuse. Une approche qui séduit, adoucit le propos et le sublime, une pointe d’humour pour pimenter le tout. Un album à la fois reposant, charmeur et très personnel, Catherine Meurisse aime vraiment le Japon et nous apprend à mieux le comprendre, l’appréhender par l’expression de tout son art.

La Jeune femme et la mer, Dargaud, 22,50 €

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