Pour ceux qui ont quelques connaissances sur la lutte des Noirs contre la ségrégation aux USA, c’est le nom de Rosa Parks dont on se souvient le plus. Elle avait refusé de céder sa place à un Blanc dans le bus au début des années 50. Devenue un symbole, tout avait alors commencé. Sauf que quelques mois avant elle, une autre Noire, Claudette Colvin avait eu la même démarche à Montgomery, Alabama. C’est son histoire en forme de réhabilitation dans l’histoire de la liberté et de l’égalité, contre le racisme ordinaire (toujours malheureusement présent mais pas qu’aux USA) que Émilie Plateau, d’après Tania de Montaigne a écrit et dessiné ce récit. Une forme minimaliste qui se lit avec non seulement intérêt mais reconnaissance. Ne pas oublier et redonner sa vraie place à Claudette Colvin totalement méconnue était faire œuvre de mémoire.
Il fallait être quelqu’un pour ne pas être Rosa Parks. Colette a maintenant 79 ans et une rue paumée de Montgomery porte enfin son nom. Elle a dû partir et s’installer dans le Nord avec son enfant aux yeux bleus, sacrifiée sur l’autel de l’histoire officielle de la lutte contre la ségrégation. En 1956, les bus seront désormais sans contraintes de couleur. C’est grâce à Colette, même si le combat ne faisait que commencer, marqué par la violence et souvent la mort des manifestants puis par celle de Luther King assassiné. Le découpage, les textes et le dessin apportent une vraie authenticité à ce témoignage hors du commun, intelligent et objectif.
Noire, La vie méconnue de Claudette Colvin, Dargaud, 18 €
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