C’est une tendance que l’on retrouve par exemple dans Faut pas prendre les cons pour des gens de Emmanuel Reuzé au dessin et co-scénarisé par Nicolas Rouhaud, Bernstein et Jorge Haudiquet. Un dessin qui se répète mais des textes qui décapent, de l’humour décalé que n’aurait pas renié Pierre Desproges, un précurseur en la matière avec à la TV la Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède. D’accord c’était au début des années 80 ce qui limite les souvenirs mais quel génie. Avec Dialogues, une réédition façon cartonnée, Karibou joue dans la même cour et décline toute une série de personnages, anonymes ou connus, reconnus, grandes figures historiques ou mythologiques. Un large panel qui discute, parle, raconte sa vie. Jarry n’est pas loin avec le Père Ubu.
César a-t-il vainquit ou vaincu ? Tout est dans la bonne utilisation du subjonctif. Je suis venu, j’ai vu, j’ai vainquit. Pas sérieux. C’est comme Van Gogh qui fait des tournesols, un obsédé qui ferait bien de trouver une copine. Et le pauvre troufion blessé dont le copain passe son temps à répondre au téléphone. Faut le dire si il agace le mourant. Robin des Bois a des états d’âme. Voler les riches c’est bien, donner aux pauvres c’est génial. Mais ils deviennent riches alors on fait quoi ? Un sacrifice sanglant à Satan, pourquoi pas mais si il est végétarien ? Dilemme. Quant à Thésée, le minotaure n’a qu’à bien se tenir. Il a un smartphone.
On rit franchement à ces tirades basés sur des incompréhensions, des quiproquos, un usage détourné des mots, des situations. Le vocabulaire est moderne, vient en rajouter une couche. Un trait pour des personnages sans visages, suggérés, des gags en une planche, noir et blanc, l’auteur de Salade César casse les dogmes et impose son rythme verbal.
Dialogues Tome 1, Primo, Éditions Delcourt Pataquès, 17,95 €
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