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Un Norvégien vers Compostelle, Jason sur le chemin

Il est toujours aussi étonnant Jason. Le plus montpelliérain des Norvégiens au profil un peu lunaire, au style clair et aux personnages subrepticement animaliers, s’est découvert une passion pour la randonnée pédestre. De là à décider de rejoindre Compostelle par l’un des chemins du célèbre pèlerinage il n’y avait que quelques millions de pas en chaussures de marche. Et au retour un bouquin qui compte par le menu le déroulement de cette longue balade  finalement à ses yeux pas si extraordinaire mais source d’anecdotes, de rencontres et de petits plaisirs.

Il va commencer à Saint-Jean-Pied-de-Port son chemin, au pied des Pyrénées. Et avec cette discrétion qui le caractérise, Jason a du mal à échanger avec d’autres pèlerins. Comme aussi choisir le bon gite étape. Il va faire connaissance avec les chaussettes qu’il faut laver, le linge à étendre, les diners « menu du pèlerin » qui permettent quand même de discuter, de partager bien que parfois la déprime le guette. Arriba Espana et désormais on passe au cafe con leche. Ce qui ne semble pas perturber Jason qui enchaîne gaiment sa moyenne de trente kilomètres par jour. « Buen camino » et départ à l’aube à la recherche des flèches jaunes qui marquent le chemin. Ampoules, mal aux pieds,  Tout jeune quinquagénaire Jason se pose aussi des questions. On ne fait pas Compostelle que pour avaler les kilomètres mais son humour en demi-teintes désamorce l’existentiel.

Après Compostelle, Jason continuera jusqu’à Finisterre histoire de mettre les pieds dans l’eau de mer. Il a oublié les punaises, les vilaines cloques sous les pieds, les pèlerins ronfleurs. Jason est allé au bout de son chemin. Pas un instant on ne s’ennuie en sa compagnie sur la route. Avec un  sens de la narration qui remet à chaque fois le lecteur, c’est le cas de le dire, dans le droit chemin, il raconte, décrit, souligne les petits faits du jour, ses envies, ses pensées, ceux qu’ils croisent, provisoires rencontres sans suite véritable. Un noir et blanc en quatre cases par page, des textes concis à l’humour sous-jacent, l’auteur du Dernier Mousquetaire a une fois de plus cassé les codes et surpris par un récit intimiste dans lequel il se livre avec pudeur.

Un Norvégien vers Compostelle, Delcourt, 15,50 €

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