Le Dernier quai, terminus tout le monde descend

Un hôtel et un majordome bien singulier, une gare terminus, des voyageurs qui ont des souvenirs, des remords à affronter, un passage mais vers où ? Le Dernier quai, c’est Émile qui le gère. Jusqu’au jour où il va y avoir dérapage, incompréhension, grain de sable, Émile a sa part de mystère, devenu peut-être à son tour un voyageur en puissance, qui a un passé mais lequel, pourquoi ? Nicolas Delestret (La Maison aux souvenirs) a signé en tout point un ouvrage au charme vénéneux de la mort vous va si bien. Les Visiteurs du soir aussi revu par un Freud qui serait devenu un Saint-Pierre introspectif. Tendresse aussi pour ces morts si vivant.

Le Dernier quai

Tous matins Émile a préparé petit-déjeuner, chambre des nouveaux arrivants dont il a les noms. Il va les chercher à la gare pour qu’ils préparent leur denier voyage. Ils vont se confronter à leurs souvenirs, leurs derniers regrets. Et guérir mais ils ne doivent pas aller dans la forêt ou les marécages. Elle est hantée par ceux qui n’ont pas su faire face à leurs regrets et qui sont devenus l’ombre d’eux-mêmes. Les derniers arrivés partent sauf Marcelle qui bloque sur une vieille photo et n’arrive pas à se pardonner. Elle sera une âme perdue et Émile ne peut le supporter. Il reprend sa routine mais pas de nouveaux hôtes annoncés. Va-t-il se retrouver seul, sans rôle à tenir ? Pourtant un jeune homme et une jeune femme sont bien là mais ne correspondent pas aux normes des voyageurs habituel. Mathias, Begonia et Hitomi sont pourtant dans le registre mais n’ont pas de souvenirs. Et mettent la révolution dans l’hôtel.

Le Dernier quai

Émile s’accroche à ses certitudes mais peu à peu les explications émergent. Ce qui ne l’amuse pas beaucoup. Nicolas Delestret retourne les situations, embarque son lecteur là où il n’aurait pas eu idée d’aller. On garde le suspense de cette voie sans issue. Les personnages ont leurs secrets et donc Émile aussi. Très bien tournée cette dernière étape et sur un dessin qui fait merveille. Un étonnant, subtil et brillant hymne en fait à la vie.

Le Dernier quai, Grand Angle, 23,90 €

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