On est arrivé non pas au bout du chemin mais au moins à une fin provisoire signée par Jean-Pierre Gibrat, un changement de cap. Mattéo, dans ce tome 5, est un combattant qui va voir ses espoirs s’effondrer en même temps que ceux de la République espagnole. Mais avant son destin sera secoué, mis à jour, et son avenir sera celui d’un autre République, française cette fois, à la veille d’une autre guerre aussi, mondiale. Gibrat a fait parler Mattéo, rassemblé ses personnages pour une dernière valse sous les balles et les sentiments réunis. Du grand art, à la Gibrat, très écrit, avec ce style et cette façon bien à lui de jouer avec les mots au point qu’on reconnait immédiatement son écriture. Une cinquième époque qui va d’octobre 1936 à la Retirada de janvier 1939.
Il est toujours dans la superbe villa de Don Figueras dans son fauteuil roulant, pas vraiment de son bord mais avec lequel il a établit des liens amicaux. Mattéo a un curé prisonnier à échanger contre Amélie détenue par les Franquistes. Ce qui n’enchante pas la pas très douce mais jolie Aneschka, tireuse d’élite, qui va mettre sa lunette au milieu de l’échange. Mais Amélie s’en tire et décide de devenir une combattante armée que la jeune polonaise va entraîner. Amélie ne parle jamais de sa captivité qui semble l’avoir marquée à jamais. L’aviation franquiste sur ses avions allemands mitraille le village quand réapparait Mermoza qui s’est évadé. L’hiver s’installe et la guerre aussi. Don Figueras se confie à Mattéo et lui parle de son fils disparu. Mattéo lui parle du sien. Robert refait surface et retrouve Mattéo et Amélie.
L’action se resserre. Gibrat met ses héros en situation de choix et de révélations. On sent monter pression, la dramaturgie et l’émotion. Des souvenirs reviennent, on parle de Russie et de liens familiaux. La fresque que signe Gibrat est un grand moment de créativité, de talent qui depuis le début prend aux tripes. Jusqu’au bout d’un chemin, d’une route qui sera celle de l’exil à l’envers, de la défaite et de la mort qui joue à pile ou face, « sous l’uniforme invisible des vaincus ». Gibrat a dépassé très largement la simple signature d’une BD pour accéder à celle d’une œuvre qui fait date. Gibrat a d’autres envies, projets comme il nous l’avait confié. Il faudra en reparler avec lui. Et attendre aussi une autre époque de Mattéo.
Mattéo, Cinquième époque (septembre 1936 – Janvier 1939), Futuropolis, 17 €
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