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J’veux pas vieillir, état des lieux sans concession

On l’avait rencontré entre autres à Sérignan en 2013 pour le Festival BD. Hélène Bruller (Faut qu’on parle) a de l’humour, beaucoup, et sait avec cependant une belle joie de vivre avoir un regard lucide et agacé, après le divorce ou le prince charmant, sur les années qui filent. Dans J’veux pas vieillir elle se regarde mais jette aussi sur les autres, bien aimée famille ou amis, deux yeux grands ouverts. Et on s’aperçoit vite qu’Hélène Bruller c’est nous, et oui, sauf qu’elle elle annonce la couleur en toute liberté et aurait peut-être des recettes. Un petit bijou de dérision. Sortie le 7 septembre.

A 48 ans, Hélène a des doutes. Et si elle mourrait un jour ? Son corps part en quenouille. Qu’elle dit. Quand elle était jeune et mince, trop névrosée, elle ne se sentait pas belle. Maintenant son corps lui dit fuck. Elle a eu l’âge de ses enfants, qui ne la croit pas. Elle ne sait pas lire les messages de sa progéniture sur son portable et ses cheveux deviennent tout gris. On ne parle pas aux vieux dans les cocktails, on pourrait être contaminé. Vieux, un mot horrible qui sent le sapin. De vieux bébés, les vieux. Quant aux vieux couples il y a tous les genres, de la maman avec son ado attardé à ceux qui n’ont jamais osé divorcer depuis 60 ans. Côté mecs, pas grand chose au catalogue. Il reste (dur!) les soldes ou les brocantes. Faut changer la donne. On s’en moque de vieillir, rien à foutre des regards des autres. Comment vieillir ? Hélène a détaillé ses bonnes recettes adossées à un brin de philo pratique.

Une montée en puissance au fil des pages, des planches et de ses histoires courtes, Hélène Bruller y va carrément. Un bilan sans préjugés après avoir passé en revue sans concession tous les dérapages que les ans imposent au corps et à l’esprit. Et justement si c’était ça la recette miracle ? Avoir de l’esprit pour faire face aux tracas inévitables de la vie. C’est pas une BD qu’Hélène Bruller a signé mais un manuel de survie à usage de tous sur un dessin qui tape juste.

J’veux pas vieillir, Hugo Desinge, 15 €

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