On commence les grandes manœuvres à quelques semaines des Fêtes de Noël 2023. Et donc on vous présente des titres qui dans du beau papier ou pas feront des cadeaux parfaits au pied du sapin pour fans de BD mais pas que. Tif et Tondu, Frank Margerin et ses héros favoris, un très sympa bouquin sur la bière artisanale chez nous ou ailleurs dans le monde, ou encore pour ceux qui aiment le grand talent de Joann Sfar son dernier bouquin autobiographique.
Tif et Tondu 1968-1972, l’intégrale pour retrouver un duo au mieux de sa forme. On est en pleins seventies pour cet tome 6 sur une introduction de Bertrand Pissavy-Yvernault. C’est Maurice Tillieux papa de Gil Jourdan qui passe au scénario, Will est au dessin depuis déjà 20 ans. Il fut un nouveau souffle avec bien sûr parution dans Spirou. L’Ombre sans corps ouvre le bal et a paru en 1969. Londres, un homme invisible dans une Morris, et Tif et Tondu vont voir leur ami le commissaire du Yard Ficshusset. Des forces occultes semblent semer la panique. Le commissaire va en être victime chez lui comme Tif. Un criminel semble revenir du royaume des morts avec une ombre en forme de singe. On enchaîne avec Tif et Tondu contre le cobra, Le Roc Maudit, Sorti des abîmes, mer, scaphandrier, et tentacules, un peu de nostalgie et beaucoup de talent.
Tif et Tondu, L’intégrale, Tome 6, 1968-1972, Dupuis, 40 €
Frank Margerin présente, une intégrale qu’il préface lui-même. Histoires courtes, retours en arrière en 82 ou 77 avec des dessins qui montrent aussi comment son trait a évolué pour prendre rapidement l’aspect qu’on lui connait. De l’humour toujours, décalé d’année en année pour Métal Hurlant ou Rigolo. Dionnet est parfois au scénario et on n’est pas encore avec Lucien. Frank Margerin touche à tous les genres de la SF au fantastique, des ET et l’envahisseur de Bobigny. Il a sorti des dessins inédits de ses archives, noir et blanc ou couleur. Margerin détourne les contes du Père Hault et avec la véritable histoire de Tutti Frutti Lucien n’est pas loin. Robert le roi des coursiers à un scooter en 82. Le dessin évolue et le rock joue en sourdine sur 184 pages.
Frank Margerin présente l’intégrale, Fluide Glacial, 29,90 €
Beer Revolution de Teo Musso et Sualzo reprend au niveau français ou belge, voire norvégien ce que tout voyageur aux States il y a trente ans avait déjà pu découvrir dans les micros brewery US (témoignage vécu très personnel). Des brasseurs locaux faisaient leurs propres bières souvent vendues dans les restaurants où étaient la distillerie. La bière artisanale a envahi la France de Quimper à Mende, les Alpes et même Montpellier. La bière qui était, disons le, si ce n’est méprisée mais au moins ignorée des puristes est aujourd’hui BCBG. Les auteurs ne se sont pas limités à la France et ont donc rencontré un pionnier en Italie. Puis c’est La Saison belge, un pays fait pour la bière. Tous s’expliquent, commentent comme à la brasserie Cantillon pour le lambic à Bruxelles. La Norvège aussi et en Espagne, le Sud de la France. La bière artisanale a envahi le marché et c’est bien. Choix, qualité, savoir faire et goût on y est désormais accroché. Ce bouquin est une mine qui donne envie (avec modération) de les chercher et de les essayer. On ne s’ennuie pas un instant.
Beer Revolution, Le guide de la bière artisanale en BD, Glénat, 22 €
Young man de Joann Sfar, après le dernier Chat du rabbin ou son expo à Paris. Ses carnets encore et toujours, mais selon lui différents et surtout plus anciens. Démission de son poste de prof en juin 2023, Sfar rouvre ses vieilles malles et la mort le fascinait ou l’angoissait. Un trait assez réaliste au Jardin des Plantes, des portraits de Fred, Druillet. Ses profs de dessin aux Beaux-Arts après la Philo, des recherches archéologiques sur lui-même qui pourraient presque le faire passer pour une antiquité en lien avec l’expo au Musée d’Art et d’histoire du Judaïsme La Vie dessinée. Pratt qu’il copie bien et avec idée, Dubout, Chester Gould, son père en 1994. Avant le chat il se documente sur les troupes d’Afrique. Sfar une institution ? Trondheim, Bravo, Guibert, on se balade au fil de ses pensées, envies, pas de regrets.
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