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Les pays d’Amir, intégration naturelle

Migrants, exilés, réfugiés, immigrés, on en parle sans vraiment en savoir beaucoup sur eux. Racisme ordinaire, extraordinaire, banal, les images sont celles des JT, de l’imaginaire collectif, de la réalité car oui ils existent et on les a tous rencontrés. Comme les Espagnols en 39, les Italiens ou les Polonais après la guerre qui venaient travailler dans les mines françaises, les Vietnamiens du Nord en 1954, du Sud en 1975, les Algériens dans les années 60 pour le bâtiment, Marocains après la fin du Protectorat. Et puis il y a aussi aujourd’hui la France terre de passage vers l’Angleterre, l’Allemagne pour ces femmes et ces hommes venus de Libye, de Syrie. Dans Les Pays d’Amir de Séverine Vidal et Adrian Huelva (U4 Khronos qui était à Sérignan en 2022) c’est un Syrien en transit qui va être le héros un peu malgré lui d’une aventure à laquelle il fait bon croire, simple, car amour et respect de l’autre en sont les fils rouges. Un récit qui donne mine de rien une leçon de vie sympa sur fond d’intégration naturelle.

Amir vit dans un squat et se blesse. Un infirmière aux urgences, Solange, le soigne. Il est là depuis quatre mois et vient de Syrie. Il a fait une demande d’asile. Chez Solange, il y a sa fille Héléna sa sœur et son père Armand, un peu con, réac et raciste qui tiennent un resto ensemble. Jack le mari de Solange serait prêt à aider un migrant si besoin. Le squat brûle et Amir est à la rue. Solange demande à Jack si il accepterait de l’héberger provisoirement. Il dit oui un peu contraint et reçoit Amir. Jack lui propose une chambre dans les combles. Ce qui va dans un premier temps interroger leurs enfants dont l’ainée Anouk. Amir s’installe et Solange a une relation ambiguë avec lui obligé de mettre les choses au point. Amir adore cuisiner.

On sent bien qu’il va se passer des choses, que la cuisine pourrait être un lien entre tous, que la papy aura du mal à s’y faire mais est-ce que le destin d’Amir est là ? Ses recettes de cuisine syrienne scandent l’album, prêtes à être concoctées. Confiture de rose, keshke, maklouba, atayef, que du bon. Ce qui est une excellente idée. Ensuite il y a une petite part de suspense même si on a rapidement une idée de comment tout cela va bien pouvoir se finir. Amour en prime mais avec qui ? Surprise. Reste que ça fait du bien cette histoire, que le dessin est bon, vraiment enlevé.

Les Pays d’Amir, Grand Angle, 18,90 €

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