Faut pas agacer les truands russes à la fin des années 90 en allant jouer dans leur cour. C’est ce que vont comprendre à leurs frais un peintre raté mais pas à vie, Slava Segalov, et Lavrine roi des tordus, milliardaire en puissance et manchot affirmé. Slava c’est un voyage au pays de Poutine à ses débuts donc on pouvait tout en attendre dans le coup tordu et la frénésie de faire du fric. Dans le tome 2, Les Nouveaux Russes, Pierre-Henri Gomont a signé un thriller slave qui tient aussi du reportage ethnologique. Jouissif.
Toujours la voix off de Segalov qui raconte les mésaventures gangrénées de ce bon Livine extradé dans un coin pourri où il va perdre une main mais pas sa volonté de pouvoir. Pour Sagalov et sa copine on est resté dans le raisonnable, le trafic pépère et du démantèlement de machines en pièces détachées. Sauf que quand on escroque il faut tout prévoir, surtout les curieux qui s’étonnent et mettent leur nez où il ne faut pas. Et le Arkady qui supervise le tout il d’une franchise à faire rougir Staline. Laurine lui se requinque et pour payer sa dette à ses sauveurs il met les mains enfin celle qui lui reste dans leurs comptes. Il rencontre d’autres tordus à qui il dit la vérité. Il découvre aussi qu’il y a un gros coup à faire avec les vouchers émis par le gouvernement, des bons de privatisations qu’il va racheter à la pelle. Quand arrive une proposition qui ne se refuse pas et qui va mettre encore plus de beurre dans les blinis.
Le duo arrivera-t-il à se retrouver et à continuer à escroquer la vaste Russie ? Slava va-t-il finir par avoir du talent et peindre sa jolie mais têtue Nina ? Gomont a monté une scénario où tous les coups sont permis, avec quelques surprises bien tournées. Finalement on l’aime bien Lévine car lui au moins les illusions il les a laissé au vestiaire de Gorbatchev. Une vraie réussite graphique, scénaristique qui oscille entre humour noir et le sanglant dramatique. Va y avoir un tome 3 pour régler les comptes du trio, Slava, Nina et Lévine.
Slava, Tome 2, Les nouveaux Russes, Dargaud, 21,50 €
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