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L’Affaire des hommes disparus, polar atypique

La publication de la liste des nominés pour Angoulême 2021 est l’occasion de revenir sur des titres cités et qui ont échappé, pour maintes raisons, à une lecture ou chronique. C’est le cas de L’Affaire des Hommes disparus, sélectionné pour un prix que l’on aime bien, celui du Fauve Polar SNCF. Les Mystères de Hobtown ont fait leur preuves auprès du public et cette première enquête au ton délicieusement rétro, teintée d’un gros soupçon d’hémoglobine a de quoi séduire. On est dans ces séries qui fleurent bon les années quatre-vingt-dix à la Fargo façon Jeunesse, on pense à Lynch, et qui ont de quoi plaire au néophyte à condition de bien suivre, page à page, l’évolution parfois surprenante, détournée de l’enquête. Les deux auteurs, Kris Bertin et Alexander Forbes sont de vieux complices semble-t-il, et ce premier tome des Mystères s’en ressent dans le bon sens, celui de la cohésion scénaristique et graphique.

Un voyageur qui tombe sur un trio encagoulé aux masques baroques au style enfantin, c’est le début d’une affaire qui va secouer le petit village de Hobtown au bord de l’océan. Sur la plage une bande de jeunes voit un type halluciné creuser le sol et s’arracher les ongles. C’est le début d’une enquête que vont mener ces témoins aventuriers dirigés par Dana. Sam, lui, a des problèmes. Il marche sous la pluie et la Police l’interpelle mais il a rendez-vous au collège. Son père a disparu et il est dans une famille d’accueil. Sam va être réintégré sous le tutorat de Dana. Sur la plage les fouilles continuent. Ce qui déplait au père de Dana et à son ami Nance qui les prévient qu’ils sont dans une zone de chasse. Intimidation, mais ils trouvent un curieux masque au dessin de tête de chien. Mais avec Dana ils décident d’essayer de savoir ce qu’est devenu le père de Sam.

On se laisse prendre par l’intrigue dont les éléments du puzzle apparaissent peu à peu et s’imbriquent. On découvre aussi que cinq hommes ont disparus en un an. Pourquoi ? Comment ? Le club des 5 new look a du punch dans cette Amérique profonde plus proche de Délivrance que d’un polar new-yorkais. Un brin d’épouvante, des personnages à sale tête, de la viande froide en gros, des jobards, l’ambiance est pesante mais joue beaucoup dans l’impact de l’histoire. L’enquête est bien ficelée avec ses rebondissements et surtout la détermination de Dana qui est à la hauteur. Le suspense reste entier très longtemps. Un bon bouquin qui mérite d’être redécouvert. A noter qu’hormis nominé à Angoulême, il est aussi sur la liste préliminaire du Prix des libraires du Québec 2021 catégorie Bande dessinée hors Québec et finaliste du Prix BD des collégiens 2020. Autre épisode paru, L’Ermite maudit.

Les mystères de Hobtown, Tome 1, L’Affaire des hommes disparus, Éditions Pow Pow, 22 €

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