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Le décès de Philippe Adamov

On vient d’apprendre le décès du dessinateur Philippe Adamov. L’auteur des Eaux de Mortelune ou de la Malédiction de Zener, de Dakota disparait à l’âge de 64 ans. Il vivait dans le Gard et était un habitué des festivals de Sérignan, de Fabrègues ou de BD Plage à Sète. Un homme pudique, à la grande gentillesse, attachant au dessin réaliste empreint de force et de beauté, très subtil dans les ambiances et les regards, les attitudes de ses personnages.

Philippe Adamov. JLT ®

Voici la biographie qu’il avait lui-même rédigé pour Glénat : 1956, je nais ! 3,2 Kg – beau bébé ! Je découvre la BD en 1965 dans un petit magasin de soldes de bouquins pendant les vacances. J’y reviendrai chaque année. Je rentre alors dans le monde de Jigé, de Cuvelier et d’Harold Foster. Après des études très écourtées à l’École Estienne, j’intègre Studios René Laloux à Angers comme stagiaire décorateur. Nous travaillons sur le pilote du film Gandahar dessiné par Caza. Ces 3 années passées là-bas me serviront bien plus tard dans mes nombreuses activités (illustrations, BD, etc.). Je rencontre aussi Moebius qui deviendra pour moi « la » référence. En 1978 je retourne à Paris et je me lance non sans problèmes dans l’illustration de SF. Je travaille pour Opta (éditeur aujourd’hui disparu) entre autres. Je collabore ensuite au défunt journal de SF Futur où je rencontre Gérard Klein, Michel Demuth, les frères Bogdanoff et beaucoup d’autres. Ils me font faire des travaux d’illustrations pour plusieurs éditeurs tels Le Masque, Anthologie de la SF au Livre de Poche, Casterman, R. Laffont, etc.

En 1979 je suis contacté par F. Allot pour travailler sur la série Ulysse 31. C’est un travail de création plutôt enrichissant, tant au niveau pécuniaire qu’artistique. Je collabore en 1983 à la création d’une BD avec Xavier Seguin pour le journal Okapi. Elle ne verra jamais le jour en album (heureusement !) mais elle me permettra de me faire remarquer par Henri Filippini, directeur de collection aux Éditions Glénat. Il me présentera Patrick Cothias avec qui je vais collaborer pendant près de 10 ans. Glénat lance le magazine Vécu et nous créons Le Vent des Dieux. Un an après suivront Les Eaux de Mortelune, une grande saga de SF. Immédiatement, les deux séries marchent bien, et je commence alors à vivre uniquement de la BD en alternant un album de chaque série pendant presque 8 ans.
En 1992 je décide de créer ma propre histoire et avec l’aide de J.C. Camano, directeur éditorial chez Glénat, nous publions Dayak, une trilogie de SF qui se déroule en Afrique. Je rencontre Jean Dufaux en 1999 avec lequel je crée l’Impératrice Rouge, une lutte impitoyable pour le pouvoir dans une Russie post-apocalyptique, où subsistent les vestiges d’un communisme décadent, et où règne un système politique totalement archaïque.

Et le retour avec Dakota

En juin 2012, après une longue absence Adamov était de retour. Voici ce que j’avais publié dans Midi Libre sur sa nouvelle série Dakota. Le dessinateur gardois, associé au scénariste Jean Dufaux, signe un thriller fantastique dans lequel les super-héros, devenus une caste, écrasent les pauvres et faibles. Avec Dakota chez Glénat, tome 1 d’une série dont on sent déjà toute l’ambition justifiée, Adamov signe un dessin réaliste, fin, subtil et capable du plus brûlant réalisme. Dufaux lance sur la piste de ces humains affaiblis un agent spécial, Dakota, à la suite d’un incident dans un restaurant réservé à l’élite des super-héros. Un de ces humains affaiblis surnommés collapses a réussi à se faire accepter et se met à tousser. Une catastrophe dans ce milieu aseptisé. La redoutable Dakota doit le retrouver à tout prix, mais à ses risques et périls. Mais elle va surtout découvrir que rien n’est simple autour d’elle et qu’il y a même des traîtres parmi les super-héros. Des débuts très efficaces pour cette nouvelle série. Le duo Dufaux-Adamov fonctionne parfaitement.

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