Jean-Pierre Gibrat s’en était ouvert lors d’une interview à Sète avec ligneclaire.info il y a deux ans. Mattéo allait se battre en Espagne où la guerre civile a éclaté en 1936. Et cela pour au moins deux albums. Dans cette quatrième époque on est en août-septembre 1936. Mattéo passe à une nouvelle forme de révolution après celle de 1917 en Russie. Un terrain de choix aussi pour Gibrat qui fait revivre une époque de lâcheté et de courage selon le camp, de champs de manœuvres de la future guerre mondiale qui approche, de fascisme victorieux qui durera jusqu’en 1975 en Espagne. Il excelle Gibrat à glisser de ci de là ses sentiments, clairs et forts, lui qui se dit un pessimiste sifflotant. Son dessin est flamboyant, de plus en plus proche de l’illustration peaufinée, travaillée, qui mises bout à bout forment une vague écrasante de talent enthousiasmant. Jean-Pierre Gibrat sera à Quai des Bulles à Saint-Malo.

Une belle fluidité dans le scénario qui montre l’amateurisme courageux de femmes et d’hommes qui se battent comme ils peuvent confrontés à une armée de métier et à un pouvoir installé tout puissant. Gibrat trace des portraits humains, loin des héros stéréotypés. Idem pour sa Polonaise sportive ou du riche propriétaire du village pris par les miliciens. Gibrat fait rebondir l’action au final et prépare le cinquième opus de Mattéo. Les couleurs de cette Espagne en guerre sont vives, violentes. On est pris par la beauté de l’ouvrage non seulement sur le plan graphique mais aussi surtout par sa spontanéité pleine de vie. Reste aussi Barcelone et la Catalogne en arrière plan qui prennent dans l’actualité d’aujourd’hui encore plus de relief.
Mattéo, quatrième époque, Futuropolis, 17 €
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