Rencontre avec Fabrice Le Henanff, de Ostfront à Modigliani

Fabrice Le Henanff est breton. Ce licencié en Arts Plastiques a une particularité hormis son talent, celle d’avoir dessiné ses planches sur un support de bois avant de repasser au papier. Après Westfront et Ostfront parus chez 12 Bis, deux excellents albums hyper réalistes sur la seconde guerre mondiale, Fabrice Le Henanff travaille sur un album consacré à Modigliani. Retour sur un auteur qui s’est confié à Ligne Claire.

La BD a toujours été votre passion ?

Fabrice Le Henanff. Photo Daniel Maghen ®

Oui, j’ai fait des planches pour BD Paradisio. J’ai pris à l’époque des contacts avec des éditeurs en Belgique. J’ai participé à Saint-Malo en amateur avec mes premières planches sur bois. J’avais travaillé sur bois en fac ce qui demande beaucoup de rigueur et me mettait plus à l’aise pour la couleur. J’ai débuté avec l’album Les Caméléons et Henri Fabuel au scénario en 2003. J’étais repassé sur papier à la demande de Casterman.

Vous êtes ensuite revenu au bois comme support. Toujours avec des couleurs et un trait très travaillés.

Pour H.H.Holmes chez Glénat. Et ensuite chez 12 Bis pour Ostfront dont une partie est aussi sur bois comme vous avez pu le découvrir à la galerie Maghen (voir photos). Mais je ne vais pas assez vite sur bois. J’ai mis trop de temps entre les deux Holmes. Je ne peux pas rester deux ou trois ans sur un album. Aujourd’hui sur papier il me faut de 12 à 14 mois.

Pourquoi avoir choisi le thème de la seconde guerre mondiale et vue du côté allemand ?

Pour Ostfront c’est vrai. On est en pleine bataille de Stalingrad. En fait Westfront, le second album, devait être du côté soviétique avec la ruée sur Berlin en 1945. Il n’y a pas assez d’éléments. J’avais trouvé l’histoire d’un groupuscule breton nationaliste pendant la guerre. L’un de ses membres s’engage dans l’armée allemande, passe par Berlin et se fait capturer par les hommes de la 2e DB du général Leclerc pendant la campagne d’Alsace. Ils seront fusillés. Le fait est historique pour une dizaine de SS français. J’y ai ajouté la mort de Leclerc dans l’accident de son avion après la guerre et repris la théorie du complot dont l’origine pouvait être cet incident.

Vous avez pris Lee Marvin comme modèle pour l’un de vos héros de Westfront ?

Oui, c’est un hommage au film Les Douze Salopards. Cela dit, depuis ces albums, toutes les propositions que j’ai eu se passaient pendant la seconde guerre mondiale mais je ne voulais pas me cantonner à cela. Chez Delcourt on m’a proposé la bataille de Dunkerque en 1940. Chez Vents d’Ouest l’attentat contre Heydrich en Pologne en 1942. J’ai refusé mais chez Casterman j’avais soumis un projet sur les anciens d’un réseau de la Résistance qui, cinquante ans plus tard en 1981 au moment où la peine de mort est supprimé, se réunissent pour trouver et punir le traître qui a les a livrés.

Aujourd’hui vous avez changé de monde avec cet album sur Modigliani.

J’ai accepté la proposition d’un éditeur et c’est Laurent Seksik qui a écrit le scénario. Il devrait sortir au printemps 2014. Je suis très libre sur cet album. Je soumets mon découpage. Il est inspiré d’une pièce de théâtre et l’action se passe en Nice et Paris. J’y traite aussi de la guerre de 14 mais ce sont les trois dernières années de la vie de Modigliani. Je vais continuer avec Laurent Seksik pour d’autres albums je pense. Il y aura une trame historique dans tous les cas mais rien à voir avec la seconde guerre mondiale. Et puis je fais pas mal d’illustrations à la commande à partir des séries TV, des super-héros, des acteurs de cinéma ou bien sûr de l’Histoire qui est ma passion. Avec la BD.

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