C’est toujours un bonheur de les retrouver Les Mémés. Du solide malgré l’âge, de l’indestructible façon Panzer avec un humour qui aggrave leur cas. Un tome 3, La fraîcheur de vivre c’est tout elle les trois Grâces. Huguette, Lucette, Paulette (la reine des paupiettes en hommage aux Charlots), un trio de choc qui déménage, n’épargne rien ni personne, se moque éperdument du qu’en dira-t-on, flingue à tour de bras, des soixante-huitardes anarchistes qui ont rien oublié de leur jeunesse et flanquerait bien des tartes à juste titre à leur entourage de jeunes abrutis décérébrés. Vivez que diable, c’est leur devise à ces héroïnes créées par bonheur dans Fluide par Sylvain Frécon. Liberté, égalité, et vogue la galère.
C’est pas la tête qui fait défaut, c’est le corps pour les Mémés. Qui savent entretenir le souvenir de l’être cher avec un petit apéro au cimetière sur sa tombe. Et quand il y en a une qui retrouve un string de ses vingt ans, la passage au XXI siècle lui aura été un tournant fatal. A la mémé et au string. Incompatibilité. Doute, certitude, on s’interroge. Faut pas croire que les Mémés n’ont pas des interrogations existentielles. Et elles ont des idées progressistes : baisser l’âge de la retraite à 45 ans. (c’est de saison) et monter celui de la vieillesse à 100 ans. Elles ont des Lettres et rencontré de grands esprits, Malraux, Sartre, D’Ormesson, au choix, qui leur ont piqué des phrases mythiques. « Toute mort est un mystère parce que la vie est un mystère ». Pas beau ça ? L’actualité les passionne. Leur vie a été un long combat. Le mari portait la culotte et elles la lavaient. Elles sont presque des feuilles mortes qu’on ramassera à la pelle. Lucides mais optimistes dans la galéjade. Et toujours tentées par les beaux mecs. On ne sait jamais.
Des philosophes averties les Mémés qui sont certaines que quand on meurt on voit son profil Facebook qui défile devant ses yeux. Des planches gags dans le ton, il y en a plus de 50 à déguster. Elles touchent à tout, en parlent encore mieux de tout. Rien ne les arrête, indépendantes et féministes, provocatrices à la langue acerbe, réalistes et après elle le déluge. Elles font du bien les Mémés, on devrait les déclarer cause d’intérêt national et faire rembourser l’album par la sécu. Un vrai remède (de cheval) contre la morosité et la bêtise ambiante.
Les Mémés, Tome 3, Fraicheur de vivre, Fluide Glacial, 13,90 €
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