Interview : David Etien et les Quatre de Baker Street chez Vents d’Ouest

David Etien, de passage à Montpellier à la librairie Planètes Interdites, est le dessinateur d’une série qui surfe sur sa lancée, celle du succès, Les Quatre de Baker Street. Les scénaristes Jean-Blaise Djian et Olivier Legrand ont bâti leur histoire sur les auxiliaires juvéniles d’un certain Sherlock Homes, ceux que Conan Doyle nomme les Francs Tireurs de Baker Street. David Etien qui se déplace peu, est revenu pour Ligne Claire sur les débuts de la série et sur le tome 6 qui vient de sortir chez Vents d’Ouest. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.

David Etien
David Etien à la librairie Planètes Interdites à Montpellier. JLT ®

David Etien, vous êtes un peu à l’origine des Quatre de Baker Street ?

L’époque victorienne me tentait beaucoup. J’aurais voulu faire un one-shot sur ce thème et j’en ai parlé à Olivier Legrand, un passionné. Il a cherché quel était la partie la moins explorée de l’univers de Sherlock Holmes. Celui des Francs Tireurs, ces enfants auxiliaires de Holmes s’est imposé. Elle nous permettait pas mal de liberté. On a eu du mal à trouver le nom définitif de la série.

Vous étiez un lecteur de Conan Doyle ?

Pas plus que ça. J’en avais lu quelques-uns comme Le Chien des Baskerville. Je me suis replongé dans le monde de Holmes et j’ai appris à me familiariser avec lui.

Vous participez à l’élaboration du scénario ?

Il y a déjà deux scénaristes. Olivier est plus sur les personnages et les dialogues, Jean-Blaise sur le découpage. Je peux apporter pour l’ambiance entre autres des petites touches personnelles, pour le côté visuel. On s’est par exemple posé ensemble la question de savoir si on faisait parler le chat Watson comme Idéfix. Watson le chat est apparu dès le premier tome. Cela permettait d’avoir des quiproquos amusants avec le docteur. Je leur envoie mes crayonnés et eux le scénario, ce qui nous permet d’échanger. Dans le tome 3 j’avais suggéré l’idée que l’action se passe dans la neige.

Les Quatre de Baker Street

Avec le tome 6 on est en plein Grand-Hiatus, la période où Holmes est passé pour mort après son combat contre le professeur Moriarty ?

Oui et on a bâti un triptyque du 5 au 7 sur le sujet. En fait c’est Conan Doyle qui a tué volontairement son héros mais a été obligé de le ressusciter sous la pression des lecteurs. Holmes revient au moment où Watson perd sa femme. Il se met à poursuivre les complices de Moriarty dont le colonel Moran qui a un complice au sein de Scotland Yard. Pour remonter à Holmes, le traître suit la piste des Quatre de Baker Street.

Qui retrouvent un personnage apparu dans le tome 4, Kitty ?

Effectivement mais tout ne se passe pas comme on pourrait le penser. Kitty et Tom sont amoureux. Il y avait un risque que cela scinde le groupe donc…

Comment va évoluer la série ?

D’abord, les héros vont vieillir. Charlie devient une jeune femme. Willy est un admirateur inconditionnel de Holmes mais cela peut évoluer. On a réfléchi à, peut-être de nouveaux personnages. Mais on verra cela dans le tome 8. Le tome 7 est écrit et j’en suis à une vingtaine de planches. Holmes est bien sûr toujours là. Il sera plus en retrait dans le tome 8. Le frère de Holmes, Mycroft, et Lestrade permettent des astuces scénaristiques.

Dédicace de David Etien
Un certain Watson pour ligneclaire par David Etien. JLT ®

Les Quatre de Baker Street pourraient connaître d’autres destins ?

Un dessin animé est en gestation. Ce pourrait être des épisodes de 52 minutes qui correspondrait chacun à un album. Il serait en 3D avec un rendu 2D. Mais pour l’instant rien n’est vraiment fait.

C’est une série tout public ?

Oui même si on n’a pas vraiment cherché de cible dans le lectorat au départ. Elle est multi-générationnelle car l’univers de Holmes l’est aussi. Il suffit de voir les adaptations au cinéma ou en série TV. Cela dit je n’en regarde presque pas. On a eu beaucoup de prix Jeunesse. On a aussi beaucoup de lectrices, des ados et leur parents.

Vous ne travaillez que sur Les Quatre de Baker Street. Vous n’avez pas d’autres envies ?

J’ai besoin de me fixer à 100% sur un travail donc il me serait difficile d’avoir un projet en parallèle. Des envies, oui, mais surtout de ce que je ne voudrais pas faire comme du contemporain, un western alors que cela a été à mes débuts, de la SF. Par contre l’historique, oui, j’aime bien.

On sait peu qu’au début vous avez été conseillé amicalement par Régis Loisel ?

C’est vrai. Régis m’a aidé sur le premier tome des Quatre. Il nous a aussi conseillé pour la tournée des éditeurs et a préfacé le 1. Il a toujours pris le temps de regarder et de me dire ce qu’il en pensait. Un grand plaisir.

David Etien
David Etien au dessin. JLT ®
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