Aïvali, un exode sanglant oublié

Un retour sur le passé, celui sanglant du nouveau découpage en 1923 des frontières de la Grèce et de la Turquie. Dans Aïvali, Soloup signe un roman graphique qui montre comment un jeune homme va remettre ses pas dans ceux de ses ancêtres, de la déportation sanglante de près de deux millions de personnes.

Une histoire entre Grèce et Turquie Aïvali est le nom grec d’une ville de Turquie au nord-ouest de la Mer Égée face à l’île de Lesbos. Au début des années vingt, on redécoupe les frontières de l’ex-empire ottoman. Atatürk refusera les dispositions prises par le traité de Sèvres. Un nouveau traité sera signé en 1924 plus favorable aux Turcs mais qui exige des mouvements de populations dictés aussi par la religion. 1,5 million de Grecs qui habitaient sur le territoire de la nouvelle Turquie et 50 000 Turcs musulmans qui eux étaient en Grèce vont migrer d’un côté à l’autre. Mais contraints et forcés, sous les balles et les coups de l’armée turque. Autre point capital, l’indépendance est refusée à l’Arménie et au Kurdistan. Mais c’est une autre histoire encore plus sanglante et dont les conséquences sont toujours d’actualité.

Soloup part à la découverte de cette ville symbole qu’est Aïvali dont les maisons des Grecs expulsés seront habités par les Turcs chassés de Crète. Son narrateur a emporté trois ouvrages écrits par des auteurs qui ont vécu les évènements. Les témoignages sur place complètent le récit avec son lot de souffrances, d’injustices. Si on connait les grandes lignes de cette épisode historique on plonge plus facilement dans l’album. On a un peu tendance à se perdre dans un récit très précis certes et qui mérite d’être redécouvert pour comprendre une actualité en Turquie, Syrie et Kurdistan aujourd’hui.

Aïvali, Une histoire entre Grèce et Turquie, Steinkis, 25 €

Aïvali

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