Shoah et bande dessinée une exposition à Paris jusqu’au 30 octobre

Un sujet qui mérite bien sûr que l’on s’y arrête. Le Mémorial de la Shoah à Paris présente à partir du 19 janvier et jusqu’au 30 octobre 2017 une exposition majeure sur la représentation de la Shoah dans la bande dessinée, Shoah et bande dessinée, dont Didier Pasamonik éditeur, journaliste est l’un des organisateurs. L’affiche de l’exposition est signée par Enki Bilal.

Shoah et bande dessinée C’est donc une première cette exposition incontournable qui va dévoiler ou rappeler que la Shoah a été souvent mise en image par la BD. Dire qu’à chaque fois le résultat a été à la hauteur du drame serait exagéré. Et pourtant comme toute l’histoire du second conflit mondial, la Shoah a été traitée, non seulement après mais aussi quelques fois pendant l’horreur elle même. Si Maus d’Art Spiegelman est la pierre angulaire de la représentation graphique de la Shoah, on citera par contre, dès la Libération de la France en 1944 le travail de Calvo au dessin dans La Bête est morte qui montre déportation et extermination. Il fallait, plus qu’établir un catalogue d’œuvres, déterminer comment la BD s’était emparée de l’abomination de la Shoah, du systématique du génocide à l’encontre des Juifs d’Europe par une Allemagne nazie qui est allée au bout de son raisonnement pervers, faisant une institution idéologique de son action de mort.

Comment la Shoah a été abordée par la narration graphique ? Près de 75 ans plus tard, à travers plus de 200 œuvres rares, incontournables ou inconnus, des lignes de force se dégagent de ces narrations et de ces représentations dont cette exposition tente pour la première fois de dresser l’inventaire et de répondre aux questions. Un cycle de manifestations au sein de l’auditorium du Mémorial de la Shoah sera l’occasion d’approfondir et d’élargir le propos de l’exposition avec, entre autres, la présence exceptionnelle de Chris Claremont, auteur et scénariste de bandes dessinées (X-Men) lors de la conférence : Pourquoi les Super-héros n’ont-ils pas libéré Auschwitz ?, le dimanche 22 janvier à 14h en partenariat avec le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême.

Mickey au camp de Gurs
Mickey au camp de Gurs d’Horst Rosenthal, 1942, collection du Mémorial de la Shoah ®

La mémoire contemporaine réserve une place particulière à la Shoah, un événement sans précédent dans l’Histoire. Le propre de tout événement, est de devenir un sujet de fiction. Le génocide des Juifs d’Europe ne pouvait y échapper. Non sans prudence, erreurs et tâtonnements mais aussi génie, la BD s’est donc emparée de la Shoah. C’est ce parcours historique et artistique qui est proposé dans ce qu’il est convenu d’appeler le 9e art en interrogeant les sources visuelles de ces représentations, leur pertinence, leur portée et leurs limites. Il appartenait logiquement au Mémorial de la Shoah de s’emparer à son tour du sujet, de s’interroger sur les tenants et aboutissants de cet art et ce dans toute sa diversité, des comics à la bande dessinée franco-belge, des romans graphiques aux mangas.

Comment, et depuis quand, les artistes de la bande dessinée se sont-ils saisis de la représentation du sujet ? Comment sont relayés les témoignages ? Jusqu’à quel point de réalisme l’horreur est-elle représentée, autour de quels thèmes, de quels motifs, de quels symboles ? Comment ces représentations évoluent-elles aujourd’hui selon les références politiques, sociales et esthétiques de notre époque, tandis que l’antisémitisme persiste non seulement en France mais dans le monde ? Parmi les documents originaux seront présentés Mickey au camp de Gurs, Superman, L’Oncle Paul, Master race, Unknown soldier, Maus, L’Histoire des 3 Adolf, Déogratias, Deuxième génération, et bien d’autres pièces majeures.

La bête est morte
La bête est morte d’Edmond François Calvo (dessin), Victor Dancette et Jacques Zimmermann (scénaristes), Éditions Gallimard,novembre 1944, collection particulière

Les commissaires scientifiques de l’exposition sont Didier Pasamonik éditeur, journaliste, commissaire d’expositions, spécialiste de la bande dessinée. Joël Kotek professeur à l’Université libre de Bruxelles et enseignant à Sciences Po Paris. Le commissaire général est Marie-Édith Agostini, Mémorial de la Shoah.

Shoah et bande dessinée : L’image au service de la mémoire, coédition Mémorial de la Shoah/Éditions Denoël Graphic, 29,90 €

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