L’Innocente, Warnauts et Raives pour les débuts de Nina

On retrouve Warnauts et Raives dans L’Innocente qui vient d’être rééditée. Nina est l’héroïne de cette chronique de la fin du Reich nazi et de l’après-guerre en Allemagne, le statut de Berlin. Dans l’œuvre de Warnauts et Raives on est juste avant le cycle des Temps Nouveaux et Après la guerre. En quelque sorte les débuts de Nina.

L'Innocente Nina est comme des millions de jeunes filles membre des Jeunesses hitlériennes. Obligatoire contrairement à ce que certains croient pour les garçons mais aussi pour les filles. Sa famille est morte dans les bombardements. On est en 1945. Les Alliés ont franchi le Rhin et Nina, avec la complicité de sa chef de groupe, Lisel, s’échappe du camp. Déguisée en garçon, elle est embauchée par les Américains comme traductrice et les accompagnent dans leur conquête victorieuse de l’Allemagne. Elle finit par retrouver le frère de Lisel, Wim, prisonnier de guerre qui sera libéré et rentre à Berlin occupé par les Soviétiques et bientôt divisé en plusieurs secteurs. Nina va devoir se débrouiller pour survivre comme tous les Berlinois.

Si L’Innocente est avant tout le portrait d’une jeune Allemande, c’est aussi un récit précis sur le sentiment de culpabilité d’un peuple confronté à l’horreur de ce qui a été commis en son nom et dont il a été le complice. Warnauts et Raives posent parfaitement le problème de cette innocence pervertie, celle d’une Nina qui sort du moule nazi et se rend compte de la réalité. C’est aussi un récit historique précis sur fond romanesque. Le destin de Berlin, indépendant en zone Est sous contrôle soviétique ne tiendra qu’à un fil pendant plus de trente ans jusqu’à la chute du mur. L’histoire se termine à la fin du blocus de Berlin en 1949. On aurait bien aimé une suite, ou autre chose, après un déroulé aussi passionnant, toujours somptueux sous les plumes du duo. A suivre.

L’Innocente, Le Lombard, 14,99 €

L'Innocente

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