Marc Bourgne avec Michel Vaillant, le champion mythique, qui repart à zéro

Marc Bourgne dessine Michel Vaillant et plus précisément les personnages de cette série BD culte qui a vécu une belle relance. Benjamin Benéteau trace décors et voitures. La nouvelle saison compte déjà cinq albums dont le dernier, Renaissance (Graton Dupuis), marque un tournant dans la saga Vaillant. Denis Lapière et Philippe Graton au scénario ont dramatisé l’action. Marc Bourgne qui était au festival BD de Sainte-Enimie revient sur ses débuts dans la série et sur le destin Vaillant. Michel doit repartir à zéro. Sans oublier aussi tous les projets personnels signés Marc Bourgne. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.

Marc Bourgne
Marc Bourgne à Sainte-Enimie. JLT ®

Marc Bourgne, vous avez repris le dessin de Michel vaillant. Dans quelles circonstances ?

En fait j’assume les personnages, pas les décors ni les voitures. Je fais le story-board, la mise en page sauf pour les scènes de course. C’est Benjamin Benéteau qui s’en charge. Mes premiers contacts avec l’univers Vaillant remontent loin. J’avais lu une interview de Philippe Graton qui voulait relancer une autre série, Julie Wood, une pilote motarde. Il cherchait un dessinateur. J’ai fait une candidature spontanée, et j’ai envoyé des études pour Julie Wood. Ils ont été intéressés mais je n’ai pas rencontré les Graton. Ils n’ont pas eu le temps de développer le scénario car Philippe Graton était trop occupé par Michel Vaillant. Le projet est tombé à l’eau. J’ai alors assumé la reprise de Barbe Rouge chez Dargaud.

Michel VaillantA quel moment avez-vous été recontacté mais pour Michel Vaillant ?

Il y a quatre, cinq ans, José-Louis Bocquet de Dupuis m’a appelé pour Vaillant. Il manquait le dessinateur des personnages.

Ce n’est pas un peu curieux de découper une BD en tranches pour le dessin ?

Non. Pas vraiment. Jean Graton a commencé seul puis il a eu un premier assistant car cela lui prenait beaucoup de temps. C’était le début d’un travail de studio. Christian Denayer a été cet assistant avant de faire une belle carrière. Ils allaient ensemble sur les circuits et se partageaient les thèmes. Quand il est parti il y a eu le studio Graton. Cela demande beaucoup de travail dans la logique d’un album ou plus par an. C’est impossible à faire pour un auteur seul. De plus, on est très complémentaire avec Benjamin.

Comment travaillez-vous ?

Je reçois le scénario complet. Je dessine les personnages de façon traditionnelle sur papier. Je scanne ensuite et Benjamin travaille dessus pour les décors.

Cette saison est beaucoup plus plus dramatique. L’avenir de la famille Vaillant est en jeu ?

Marc Bourgne
Marc Bourgne et Michel Vaillant à Sainte-Enimie. JLT ®

Ils ont tout perdu, l’usine, l’écurie. Jean-Pierre qui se sent responsable fait une tentative de suicide. D’où l’idée de Philippe Graton pour le nouvel album, qui vient de sortir, du titre Renaissance. Quand il est arrivé au 70e album Philippe Graton s’est demandé ce qu’il allait faire. Il s’est arrêté et a dissout le studio. Il fallait que Michel Vaillant retrouve un grand défi. Mais quel défi pour un champion du monde ultra-titré dans une écurie ultra-connue ? Il fallait qu’il reparte à zéro à tout niveau. Dans chaque nouvel album il devra se remettre en question dans une spécialité de course automobile. On le verra au 24 H du Mans dans le prochain épisode.

Jusqu’où ira Michel Vaillant ?

Je ne le sais pas vraiment. Par contre les scénaristes le savent. Mais le suspense et passionnant pour les lecteurs.

Vous êtes libre pour les personnages, ou avez des pistes des scénaristes ? Vous avez carte blanche ?

J’ai réinterprété les personnages principaux. Je ne voulais pas faire du Graton, imiter son style. J’ai montré mes études de personnages à Jean Graton qui les a validés et pour les nouveaux je laisse aller mon imagination.

Le fils de Michel Vaillant, sa femme qui a un petit air de Sophie Marceau, la journaliste Carole, ce sont des personnages qui prennent de l’importance et que vous avez sculptés.

RenaissanceOn n’avait jamais vu ou peu le fils de Michel Vaillant. Et c’est un personnage qui prend sa place. Pour Françoise Vaillant, oui, c’est la première fois qu’on me le fait remarquer et c’est vrai. Je me suis inspiré de Sophie Marceau en partie. Pour Carole la journaliste c’est Carole Gaessler, une suggestion de Denis Lapière. Mais généralement je laisse libre cours à mon inspiration.

Donc vous ne pouvez pas dire ou va Michel Vaillant, ni en combien d’albums ?

Non je me ferais gronder (rires). Sinon j’ai d’autres projets dont un épisode de l’Art du crime chez Glénat avec Berlion, le tome 6. Il faut que je m’y mette. L’art choisi est la musique et c’est une histoire de cape et d’épée qui se passe sous Louis XIV. J’ai fini le scénario du tome 10 des Pirates de Barataria aussi chez Glénat. Je commence le premier tome du Sentier de la guerre encore chez Glénat avec Didier Pagot au dessin. J’ai un gros projet pour Casterman comme scénariste. Ce sera historique. C’est vrai que j’ai une maîtrise d’Histoire et je me retrouve avec des projets souvent dans le genre.

Dernier détail, Michel Vaillant ne vieillit pas.

Il a pris une vingtaine d’années depuis le premier album. Il a une petite quarantaine dans le dernier album. Un héros comme lui, Buck Danny ou Ric Hochet, ne prend pas vraiment de rides bien sûr.

Michel Vaillant, Nouvelle saison, Tome 5, Renaissance, Graton Dupuis, 15,50 €

Dédiace de Marc Bourgne
Steve Warson et Michel Vaillant, un duo mythique sous le crayon de Marc Bourgne
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