Une Femme de Shôwa, le Japon sans pitié d’une petite fille volontaire

Au moment où le Japon est submergé par les vagues de bombardiers américains qui rasent ses villes, une petite fille et sa mère vont tenter d’échapper aux bombes mais aussi à la police secrète qui recherche père et mari. Shôko va grandir comme elle peut, se forgeant une réputation de battante pour qui tous les moyens sont bons pour survivre. Kazuo Kamimura et Ikki Kajiwara, deux des plus grands auteurs de manga, sont les créateurs de cette aventure certes violente mais prenante et parfaitement articulée dans un Japon sans états d’âme.

Une Femme de Shôwa Épouse d’un critique littéraire qui a défie le pouvoir des militaires alors que la guerre n’est pas encore finie, Kyôko sa femme est arrêtée par la police politique et torturée. Libérée elle fuit avec sa petite fille Shôko au moment où les Américains bombardent la ville de Tokyo. Kyôko meurt et Shôko est livrée à elle même dans un Japon qui a capitulé puis sera occupé par l’armée US. Témoin d’un viol d’une jeune japonaise, Maggy, par un GI’s elle noue avec elle des relations amicales et vit avec elle et sa copine qui sont des prostituées. Voulant échapper à leur proxénète, les deux femmes sont rattrapées et punies. Shôko les soigne et se prostitue pour leur donner de l’argent afin qu’elles puissent retrouver la liberté. Elle les quitte et devient une chef de bande reconnue et impitoyable. Elle règle ses comptes et tombe par hasard sur son père à qui elle reproche d’avoir abandonné sa mère. Elle punit celui qui l’a torturée et se retrouve dans un camp de redressement où commence pour elle une vie encore plus dure.

Une histoire de volonté et de courage, l’histoire de Shôko qu’un certain Mister Limace va prendre en affection. Mais aussi une histoire de vengeance impitoyable envers ceux qui ont été à l’origine de ses malheurs ou de reconnaissance envers ceux qui l’ont aidés. Le hasard fera se recroiser leurs chemins, la Limace devenu écrivain et Shôko une geisha arriviste. On peut être décontenancé par une ambiance dure et sans vrai espoir qui fait référence à une culture qui nous échappe totalement. On reste séduit par cette saga peu banale qui a un charme à la fois discret et volontaire et qui retranscrit aussi l’état d’esprit d’une époque très dure.

Une Femme de Shôwa, Kana, 15 €

Une Femme de Shôwa

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