Le Jardin des souvenirs, morts en quête d’identité

Un justicier solitaire qui veut donner un nom aux corps d’anonymes enterrés dans un cimetière, Le Jardin des souvenirs (Potter’s field en anglais) est un excellent comics qui sort de l’ordinaire et met en scène un héros atypique dont on ne sait pas (encore) les motivations. On est dans du polar noir mais élégant grâce à un très bon scénario de Mark Waid qui a créé la série. Paul Azaceta est au dessin avec beaucoup d’implication, de volonté réaliste et un rendu puissant, oppressant appuyé sur des fonds et des teintes pastels.

Le Jardin des souvenirs

Sur l’île de Hart au large du détroit de Long Island, il y a un cimetière où finissent les corps des inconnus. Ils n’ont droit qu’à un numéro ce que n’accepte par un certain John Doe qui arpente la ville où il a mis en place un réseau d’informateurs. Son but, trouver le nom de ses victimes expiatoires souvent assassinées et dont on a aussi maquillé le meurtre en suicide. Mais John Doe n’a pas que des amis et ses informateurs qui ne sont pas censés parler de lui commettent des erreurs. Une jeune fille a sauté d’un toit. Impossible de l’identifier sauf si on remonte loin en arrière quand, enfant, elle a été enlevée à ses parents et que sa mère l’a un peu trop rapidement oubliée. Autre cas, une jumelle disparues dont la sœur vient chercher John Doe sur son lieu de travail au cimetière. Comment a-t-elle su où il était ? Son copain Halpert a trop parlé et les conséquences pourraient être fatales pour John Doe. Idem pour une inspectrice de la police qui soupçonne deux de ses confrères de transformer en anonymes des cadavres dont ils peuvent ensuite usurper l’identité et vider les comptes.

Le Jardin des souvenirs

On pense à Person of interest pour le côté redresseur de tort, héros teigneux et taiseux. L’ambiance est des plus tendues, glauque et prend aux tripes, le tout souvent de nuit ce qui s’explique par les activités mortuaires de John Doe. Il faut bien suivre les dialogues de cette série pour arriver à trouver peut-être qui est Doe. Sachant que John Doe est le terme employé justement pour donner un nom aux USA à un corps anonyme, une sorte de Monsieur X. Il se bat la nuit, sorte de super-héros bas de gamme mais tout aussi efficace que la chauve-souris ou l’araignée. Mais John Doe a un complice médecin légiste qui va tout faire pour découvrir qui il est. Enthousiasmant Mark Waid au remarquable sens de la narration.

Le Jardin des souvenirs, Delcourt, 14,95 €

Le Jardin des souvenirs

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