Interview : Jacques Tardi avec un dessin animé, Un Monde truqué, et la suite de Stalag IIB

Stalag IIB chez Casterman, Jacques Tardi savoure aujourd’hui l’impact mérité qu’a eu le premier tome des carnets de route remis en forme de son père pendant la guerre. René Tardi, militaire de carrière, se bat en 1940 et est fait prisonnier. Son fils a mis en images et écrit sa vie derrière les barbelés du camp Stalag IIB. Rencontre avec Jacques Tardi au Salon du Livre qui parle de son travail, d’un film d’animation et du numérique.

Jacques Tardi
Jacques Tardi prépare la suite de Stalag IIB et va signer un dessin animé. JLT ®

La suite de Stalag IIB est à venir ?

De la même façon que je ne n’avais pas idée pour le premier tome du nombre de pages, je suis dans une situation semblable pour la suite. Je pensais ne faire qu’un album. Finalement je suis au second avec la libération du camp et la longue marche des prisonniers qui va durer six mois pour rentrer en France. De janvier à mai 1945.

Comment avez vous reconstitué ce périple dramatique ?

Mon père avait noté dans un petit carnet les dates. Je suis allé en Pologne pour retrouver l’emplacement du Stalag IIB. Et je me suis aperçu que des milliers de prisonniers étaient morts dans ce camp dont énormément de Russes dont je parle dans le tome 1. Donc je ne sais pas vraiment où je vais en pagination. J’ai fait une dizaine de planches. De plus ces prisonniers libérés vont pour certains se venger. Des gardiens allemands vont être tués. Il y a beaucoup de zones d’ombres dans ce retour au pays. La parution sera pour 2014.

Que devient votre père ensuite ?

Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIBIl reste dans l’armée. Et en 1946 j’arrive. Souvenez-vous qu’ils ont été prisonniers cinq ans. Ils avaient perdu la guerre. La réinsertion a été difficile. J’ai été très agréablement surpris par tous les courriers reçus de gens qui me disaient qu’ils reconnaissaient dans mon travail la réalité, enfin, de ce qu’avaient vécu leurs pères ou leurs grands-pères. Ils comprenaient leur souffrance et je suis content de cela. Je n’avais jamais reçu autant de courrier. On verra ensuite si je reviens sur mon père qui retournera en Allemagne mais cette fois avec les forces françaises d’occupation.

Vous m’aviez parlé lors de notre dernière rencontre d’Adèle.

Toujours en chantier Adèle Blanc-Sec, dans la lignée du précédent. Je le ferai dans la foulée de Stalag IIB. Mais je peux surtout vous parler du travail que je suis en train de faire sur un film d’animation, un dessin animé. Je le fais avec le scénariste de Tueur de cafards. C’est sur le feu, une fantaisie scientifique à la Jules Verne, du fantastique décalé dans les années trente. C’est un travail d’équipe, un dessin animé à l’ancienne, avec un dessin simplifié. Je suis très content de ce projet qui a pour titre provisoire Un Monde truqué.

Le numérique, la mise en ligne de BD sur le web, cela vous préoccupe ?

Je suis un homme  de papier. Je ne suis pas passé à l’ordinateur. Le numérique ne me concerne pas vraiment. Je m’en fous un peu. C’est pas mon truc.

En 2014 on commémore le centième anniversaire du début de la grande guerre.

Et bien je repiquerai bien à 14-18. J’y reviendrai sûrement. Au début où à la fin je ne sais pas. On aura de 2014 à 2018 pour le faire.

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